« Versailles privé » : au-delà des portes dérobées
Qui n’a pas rêvé d’aller voir ce qui se cache derrière les petites portes du château, celles qui jouent au caméléon dans le décor et auxquelles les visiteurs n’ont pas accès ? Avec l’historien Nicolas B. Jacquet, c’est aujourd’hui possible* grâce à son nouvel ouvrage, intitulé « Versailles privé ». Où l’on découvre des appartements à taille humaine, sans dorures, dans le secret desquels la famille royale se réfugiait pour échapper à la foule des courtisans. Un parcours à la fois passionnant et émouvant.
Portes masquées, passages secrets, cabinets de travail, bibliothèques et appartements privés : au château, le Versailles officiel voisine avec un Versailles intime, astucieusement dissimulé aux regards. Qui se doute en effet que derrière les murs de la galerie des Glaces, sous dix mètres de plafond, s’étagent jusqu’à trois niveaux d’entresols ? Les portes de ce domaine méconnu s’ouvrent exceptionnellement* au lecteur qui tient entre ses mains le nouveau livre de Nicolas B. Jacquet, intitulé « Versailles privé ». « J’ai voulu donner des clés aux passionnés du château, leur expliquer comment étaient configurés ces appartements que le visiteur ne voit pas. Il s’agit des lieux de vie intimes de la famille royale, auxquels seuls leurs proches et leurs domestiques pouvaient accéder. Rappelons que près de 3 000 personnes gravitaient en permanence autour des souverains pour les servir : à titre d’exemple, les personnes chargées de la « bouche de la Reine » étaient au nombre de 180… » explique l’historien.
Un autre angle de vue sur le château
Tout ce petit monde avait donc une double vie : la représentation officielle d’une part, la sphère privée de l’autre. Dès les premières pages, Nicolas B. Jacquet fournit des repères précis sous la forme de plans. Celui du rez de chaussée (niveau 1), de l’étage noble (niveau 2), des combles (niveau 3) et de l’attique (niveau 4). En tout donc quatre niveaux qui s’articulent autour de la Cour de Marbre et présentent une enfilade de pièces d’où le faste est presque totalement absent. Bien sûr, le mobilier et la décoration ont disparu la plupart du temps mais cette nudité des murs est aussi une aubaine, car elle permet au visiteur de laisser libre cours à son imagination. Après une introduction où il rappelle les profondes différences entre les trois règnes qui se sont déroulés à Versailles, l’historien revient sur le métier de courtisan et la notion de logement de fonction à la Cour. Il nous entraîne ensuite dans une promenade historique truffée d’anecdotes qui nous fait envisager le château sous un tout autre angle.
Dans l’intimité des souverains
Avec Nicolas B. Jacquet, on emboite donc le pas de Marie-Antoinette et de ses enfants, de Mesdames (filles de Louis XV) et bien sûr des trois souverains, même si les traces du règne de Louis XIV ont été pour la plupart effacées par ses successeurs. Il reste bien, dans l’escalier de la garde-robe de Madame Victoire, une colonne de marbre et des corniches, mais ils sont les seuls vestiges du fameux appartement des bains du Roi soleil. On découvre l’un des appartements privés de Marie-Antoinette, sa salle de bain, les pièces où étaient entreposés ses vêtements et même l’ancienne lingerie. Quelques pas encore et l’on se retrouve dans cette chambrette toute simple où, selon la rumeur, le comte de Fersen attendait de voir la Reine. Une pièce reliée au reste des appartements par un petit escalier de pierre datant de Louis XIII, qui se révèle être le plus ancien du palais. Par ici, c’est le cabinet de la Méridienne (en cours de restauration), soit un boudoir que la Reine s’était fait aménager et où elle pouvait s’enfermer, comme en témoignent les loquets sur les portes. « Lorsqu’au détour d’un couloir on se retrouve dans l’antichambre de l’Œil de bœuf, le contraste est saisissant tant dans les volumes que dans la décoration. Sortis des espaces intimes où le roi est en quelque sorte une personne comme les autres, on entre alors dans l’espace public et sacré, où il exerce son métier, jusque dans sa chambre officielle qui jouxte le cabinet du conseil » relate Nicolas B. Jacquet. De ce cabinet justement part un couloir qui mène à une autre chambre, privée celle-ci, dans un appartement qu’ont occupé les trois souverains. En sortant de cette pièce, juste avant de déboucher sur la galerie des Glaces, une autre porte s’ouvre sur la droite : elle donne sur la salle de bain de Louis XVI où celui-ci aimait se délasser après la chasse, puis sur son cabinet des perruques, qui communique avec la salle du trône et le salon d’Apollon. « Ces pièces, situées à quelques mètres des espaces où se pressait la foule, étaient certes dissimulées aux regards mais restaient fort bruyantes. Un confort donc tout relatif » ajoute Nicolas B. Jacquet. En montant, on découvre avec émotion le cabinet de chimie de Louis XVI puis, plus haut, sa bibliothèque sous les combles… Illustré de magnifiques photos et portraits, riche en repères historiques et jamais ennuyeux, « Versailles privé » propose une balade inédite et passionnante aux amoureux du château. A offrir ou à s’offrir !
L’auteur : historien de l’art et de l’architecture, Nicolas B. Jacquet est notamment l’auteur, aux éditions Parigramme, de « Versailles secret et insolite » et de « Secrets et curiosités des jardins de Versailles ».
Versailles Privé
Editions Parigramme
ISBN 9782840969440 - 14 x 21 cm
224 pages - Broché avec rabats
Prix conseillé 19,90€
Parigramme - tout paris est à lire
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Billets et Tarifs - Château de Versailles
DANS L'INTIMITÉ DE MARIE-ANTOINETTE Le cabinet de la Méridienne restauré ! Derrière le Grand Appartement, la Reine disposait de ses cabinets privés, petites pièces réservées à son usage pe...
*Il est aussi possible de découvrir les appartements privés dans le cadre de visites guidées, organisées par le Château. Il suffit de s’inscrire !
L'escalier qui mène aux caves de Louis XV. Le souverain y conservait le vin qu'il réservait à ses soupers privés. © Versailles in my pocket
Le plus vieil escalier du château, qui date de Louis XIII, qui donne sur la pièce où, dit-on, Axel de Fersen attendait que Marie-Antoinette puisse le recevoir. © Versailles in my pocket
Escalier jouxtant la galerie des Glaces et montant au cabinet de chimie de Louis XVI © Versailles in my pocket