Exposition «Louis de Versailles» : l’hommage de la ville à son fondateur
En cette année où l’on célèbre le tricentenaire de la mort de Louis XIV, la ville de Versailles rend hommage à « son » monarque avec une exposition qui retrace tant le règne du roi que l’essor de la ville, modelée par la seule volonté de celui-ci. A visiter jusqu’au samedi 16 janvier 2016, dans la superbe galerie des Affaires Etrangères de la Bibliothèque municipale.
Trois siècles après la mort de Louis XIV, la Ville de Versailles se remémore ses heures royales et évoque son royal concepteur, à travers une exposition intitulée « Louis de Versailles ». Si le château propose une approche de la mort du roi avec l’exposition « Le roi est mort », la ville met de son côté en lumière la vie de ce dernier et la relation si particulière qu’il a entretenu avec Versailles. Outre les riches archives communales, le fonds de la bibliothèque municipale, de l’Ecole des Beaux Arts de Versailles et du musée Lambinet, des pièces exceptionnelles ont été prêtées par l’Etablissement public du Château de Versailles, le Centre de musique baroque de Versailles, la Bibliothèque municipale de Rouen, la Bibliothèque Forney (Paris), le Musée de l’Armée (Paris) et la Ville de Saint-Germain-en-Laye. A travers elles, on parcourt la vie du roi, on se remémore les événements de son règne et on prend conscience de la place particulière qui est encore la sienne aujourd’hui dans l’imaginaire collectif.
Une pièce rare : l’acte de naissance du Roi Soleil
Intitulée « Louis de Versailles » afin de souligner le cadre résolument versaillais qui se veut le sien, cette exposition destinée à tous les publics se déploie sur les cinq salles que compte l’enfilade de la galerie des Affaires étrangères de la bibliothèque centrale. On y est accueilli par un buste de Louis XIV et son portrait officiel peint en 1701, suivis dès le vestibule par des représentations du roi enfant et jeune homme. La salle 1 présente le roi dans son intimité, en commençant par son acte de naissance (prêté par la Ville de Saint-Germain en Laye), accompagné d’une grammaire qui lui aurait appartenu. Une vitrine dévoile plusieurs « mazarinades », ces pamphlets parfois très violents qui étaient publiés pendant l’enfance du monarque et visaient Mazarin, notamment surnommé « le gredin de Sicile » par ses détracteurs. Des portraits de proches du roi, qu’il s’agisse de sa famille officielle ou de sa famille officieuse, sont également visibles, de la reine Marie-Thérèse à Mademoiselle de la Vallière en passant par Madame de Maintenon, à laquelle est consacrée une section où l’on découvre des éléments se rapportant à Saint-Cyr. Deux gravures évoquent le Grand Carrousel de 1662, qui marqua à la fois la fin de la Fronde et la prise de pouvoir du roi : c’est en effet la première fois qu’il s’y fit représenter en empereur romain et qu’il utilisa le symbole du soleil.
Guerres, conquêtes et réformes
La salle 2 revient sur les débuts du règne, jusqu’en 1985, avec notamment une évocation des guerres menées par la France au cours desquelles le royaume gagne Strasbourg, l’Alsace et la Franche-Comté. Louis XIV et Colbert entreprennent des réformes, dynamisent le commerce, renforcent les infrastructures : creusement du Canal du Midi, création des manufactures, etc. Le pays se dote de places fortes avec Vauban. A voir : une impressionnante armure, supposément portée par le roi lors de la Guerre de Dévolution (1667-1668) et pesant environ 60 kg, prêtée par le Musée de l’Armée. Autres pièces clé : un superbe atlas marin néerlandais, ouvert à la page présentant les possessions françaises en Amérique en 1715, de la Louisiane à l’Acadie, mais aussi des documents relatifs à plusieurs ambassades marquantes du règne comme celles du Sultan du Maroc (1682) et du Roi de Siam (1686).
Naissance et développement de Versailles
Dans la salle 3, place à la ville elle-même. Dans la première moitié du XVIIème siècle, Versailles n’est qu’un petit village de quatre cents âmes situé dans une zone marécageuse. Louis XIII, qui aime chasser sur ces terres, y emmène régulièrement son fils et ce dernier choisit ce lieu pour se fixer, dès les années 1660, afin de s’éloigner de Paris où il n’a que des mauvais souvenirs. En 1661, le jeune monarque annonce qu’il fera de Versailles sa capitale, à l’occasion de la Déclaration de Dunkerque. Il instaure alors le système du « don de place » : pour résumer, cela consiste à attribuer des terrains par lots calibrés, sous condition de faire construire, avec la garantie que le bâtiment ne pourra pas être saisi ni faire l’objet d’une hypothèque. Les administrations viennent se domicilier près du château, et la Cour s’y installe en 1662. A la mort du roi, la ville compte 46 000 habitants (l’équivalent à l’époque d’une ville comme Bordeaux), et ceci alors même qu'elle n’est ni un port, ni un lieu stratégique de communication. Preuve que la cité vit vraiment par la volonté royale, les années de régence et le retour du pouvoir à Paris font chuter à 18 000 le nombre d’habitants et il faudra attendre le milieu du XVIIIème siècle pour revenir à 45 000. L’exposition permet de découvrir des guides de voyage du Grand Siècle qui répandent en Europe une sorte de « modèle versaillais » et qui amèneront le château à être copié dans plusieurs pays. Un plan de 1695 permet de constater qu’il reste encore de nombreuses places libres, mais aussi de voir certains lieux aujourd’hui disparus comme le château de Clagny (détruit au XVIIIème), son parc et son étang : une parcelle aujourd’hui en partie occupée par la gare Rive Droite. Plusieurs gravures parues en 1715 dans un recueil figurent des vues de Versailles, véritables « intantanés » de la ville à la fin du règne de Louis XIV.
Une douloureuse fin de règne
La fin du règne est moins heureuse, comme l’illustre la salle 4. De 1702 à 1714, la guerre de succession d’Espagne affaiblit le pays, et le grand hiver de 1709 fait des ravages. Louis XIV voit sa descendance décimée et à sa mort, son seul héritier direct est le jeune duc d’Anjou, futur Louis XV, qui n’a alors que deux ans. Les questions religieuses minent les dernières années du roi. La France est alors le seul pays européen à tolérer deux religions sur son sol, et la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 met fin à cette situation, incitant de nombreux Protestants à fuir le royaume pour gagner notamment l’Allemagne. De nombreuses gravures et pamphlets de cette époque, présentés dans l’exposition, tournent alors le monarque en dérision.
Louis XIV et ses avatars
La salle 5 offre une lecture plus contemporaine du mythe, en montrant l’exploitation du personnage de Louis XIV dans la publicité, l’édition et le cinéma. Plusieurs réclames nous montrent le roi faisant l’article pour le Banania, la Suze ou encore le chauffage central. Au centre, un montage d’extraits de films présente une sélection de longs métrages consacrés au roi, de « Si Versailles m’était conté » de Sacha Guitry à « Saint-Cyr » de Patricia Mazuy, en passant par « Le roi danse » de Gérard Corbiau. Enfin, les élèves de la classe de gravure de l’Ecole des Beaux-Arts offrent leur vision du roi avec plusieurs variations sur l’un de ses portraits officiels.
Louis XIV vu par les élèves de la classe de gravure de l’Ecole des Beaux-Arts de Versailles © Versailles in my pocket
Exposition « Louis de Versailles » - Jusqu’au 16 janvier 2016
Galerie des Affaires étrangères – Bibliothèque municipale de Versailles – 5, rue de l’Indépendance américaine - 78000 Versailles – Tél 01 39 07 13 20
Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi, de 14h à 18h / Le samedi, de 10h à 18h /
Fermé le dimanche et le lundi
Entrée libre - Accès handicapés (la galerie des Affaires étrangères est accessible aux personnes à mobilité réduite accompagnées)
Moyens d’accès Gare Versailles-Chantiers (direct depuis Paris Montparnasse) Gare Versailles-Rive Droite (direct depuis La Défense ou Paris Saint-Lazare) RER C Versailles Château-Rive gauche (direct depuis Paris Invalides ou Paris Saint-Michel) Autobus 171 Versailles Place d’armes (direct depuis Pont de Sèvres) Autoroute A13 sortie « Versailles centre »