Dans les secrets du Labyrinthe de Versailles
La Bibliothèque Municipale de Versailles propose, avec le soutien du Château de Versailles, une exposition dédiée au mythique Labyrinthe voulu par Louis XIV et créé par Le Nôtre. Une balade onirique à ne pas manquer, du 14 septembre au 14 décembre prochain.
Qui n’a pas cherché, en se promenant dans le parc du château, des traces du fameux Labyrinthe de Versailles, ce lieu mythique, porteur de mystère et objet de fascination ? S’il a aujourd’hui disparu, aucun autre endroit dans les jardins n’a donné lieu à autant de descriptions, qu’elles soient littéraires, poétiques ou picturales. Il était donc grand temps de faire revivre, en profitant de l’année Le Nôtre, l’esprit de ce lieu mystérieux. C’est chose faite aujourd’hui, grâce à cette exposition organisée par la Bibliothèque Municipale de Versailles, avec le soutien du Château de Versailles. Cerise sur le gâteau : l’événement est hébergé dans la splendide enfilade des cinq salles de la galerie des Affaires étrangères, qui mérite à elle seule le déplacement.
Près de 3 hectares et 39 fontaines
Petit retour au Grand Siècle. Nous sommes au milieu des années 1660. Louis XIV rêve d’un labyrinthe, qu’il fait dessiner et planter par son fidèle Le Nôtre. Mais le roi veut toujours plus : d’abord simple circuit d’allées sinueuses, le parcours est agrémenté entre 1671 et 1674 d’un réseau de 39 fontaines, chacune représentant un épisode des fables d’Esope. « A l’origine, Charles Perrault avait imaginé un itinéraire galant, une promenade amoureuse façon ‘’carte du tendre’’. Mais le souverain n’a pas retenu cette option, préférant présenter des sujets plus édifiants » explique Elisabeth Maisonnier, conservateur au Château de Versailles et commissaire de l’exposition. « Le Labyrinthe, qui se situait sur l’emplacement actuel du Bosquet de la Reine, prenait la forme d’un trapèze de 2,7 ha, entièrement clos de grilles et de charmilles. Seules quatre clés en existaient, et le Roi le faisait ouvrir pour ses visiteurs de marque ou pour y organiser des fêtes. Sous la futaie, les arbres atteignaient 8 mètres de hauteur, et les allées étaient relativement étroites, entre 1,50 et 2,50 mètres, ce qui donnait un léger sentiment d’oppression au promeneur » ajoute Elisabeth Maisonnier.
Une création archi-baroque, à la limite du bling-bling
Très présent sur le projet, Louis XIV avait fait orner les fontaines d’un fabuleux bestiaire, en illustration des fables. 330 animaux de plomb furent ainsi réalisés par des sculpteurs, pesant chacun entre 120 et 800 kg, tous peints de couleurs vives et rehaussés de dorures. « Difficile de l’imaginer aujourd’hui, mais pour l’époque ce Labyrinthe était à la limite du clinquant ! Une véritable folie voulue par le Roi, qui a fait reproduire la magnificence du lieu sur des gravures afin de la diffuser dans toute l’Europe » précise Elisabeth Maisonnier. C’est justement sur la base d’un tout petit livre de gravures enluminées appartenant au souverain, et présenté dans une vitrine, qu’ont été réalisés tous les agrandissements qui ornent les murs de l’exposition, recréant l’atmosphère du labyrinthe. On y découvre également six statues de plomb, rescapées de l’époque révolutionnaire, mais hélas privées de leurs chatoyantes couleurs d’origine. Car le dédale, dont l’entretien était un gouffre financier, fut fermé par Louis XVI en 1775 et la statuaire dispersée à la Révolution.
L’exposition permet de se figurer, à travers textes, gravures, tableaux, maquettes et plans, ce que pouvait être le Labyrinthe. Le parcours éclaire aussi la symbolique du labyrinthe, un concept présent dans toutes les cultures, et donne enfin un écho contemporain au mythe à travers des œuvres plus récentes.
“Le labyrinthe de Versailles, du mythe au jeu”
Du 14 septembre au 14 décembre 2013
Galerie des Affaires étrangères de la bibliothèque de Versailles (5, rue de l’Indépendance américaine).
Entrée libre du mardi au vendredi de 14h à 18h et le samedi de 10h à 18h.
Ouvert le dimanche 15 septembre pour les Journées Européennes du Patrimoine.
Plus d'information sur le site des Bibliothèques de Versailles.
Photos © Versailles in my Pocket