Saint Michel : Versailles en mode électropop
Au lendemain de la sortie du premier single extrait de leur album ‘’Making love and climbing’’, qui sera dans les bacs en septembre prochain, les Saint Michel se racontent : leur parcours, leurs inspirations, leurs projets et… Versailles, bien sûr !
Un petit appartement mansardé, sous les toits, tout près du Lycée Hoche à Versailles. C’est là que les délicates mélodies électro pop de Saint Michel prennent vie, au milieu des guitares et des synthés, sous les doigts de Philippe Thuillier et Emile Larroche, le duo de musiciens qui compose le groupe.
Choc des cultures
Rien ne destinait a priori ces deux-là à une aventure commune. Philippe a grandi à Versailles au tournant des années 80/90, entre les scouts et l’église où il fut enfant de chœur. Au moment de choisir un métier, lui qui gratouille déjà la guitare depuis l’âge de 12 ans sacrifie à sa façon à la tradition familiale : il sera ingénieur, oui mais… du son ! Cette formation va lui permettre d’acquérir une expérience précieuse et, grâce à ses premiers jobs, d’équiper son home sweet home de matériel high-tech. Emile, lui, est un vrai Parisien, issu d’une famille bohème passionnée de théâtre. Gamin, il s’enthousiasme pour la guitare et se forme dès le plus jeune âge aux subtilités du jazz, tout en restant ouvert aux autres styles. Les deux musiciens se rencontrent au sein du groupe MileStone, puis, lorsque ce-dernier se sépare en 2010, décident de continuer à travailler ensemble. Preuve que la différence nourrit la créativité !
Versailles, berceau de Saint Michel
C’est donc ici, à Versailles, que naissent les pépites de Saint Michel. « J’ai vécu un temps à Paris, mais cela n’a pas duré, je suis revenu par affinité dans cette ville dont j’aime l’atmosphère et l’extraordinaire héritage culturel. L’architecture, l’histoire, ici tout est inspiration ! J’ai en outre beaucoup travaillé à Versailles sur des enregistrements de musique baroque et sacrée, un genre que j’apprécie et qui fait aussi partie des mes influences » indique Philippe. Versailles encore, mais cette fois avec Alex Gopher, légendaire figure de l’électro versaillaise et héros de jeunesse de Philippe, qui a mixé le premier EP du groupe sorti en 2012 et vient de récidiver avec le futur album. « C’est le producteur de Benjamin Biolay et Keren Ann qui nous a branchés avec Alex en 2011, ce fut magique. Depuis, nous hantons régulièrement ses studios où nous avons parfois la chance de croiser d’illustres pop stars versaillaises… » raconte Philippe, sur le coin d’une table du café Le Ducis où se déroule l’interview. Un endroit qu'il aime, avec cette ambiance de petit bar de quartier. « J’y viens régulièrement avec mon ordinateur, je me pose, je regarde les gens, il y a de vrais personnages ! Entre amis, on se pose souvent au Rendez-vous des touristes, une des éternelles adresses de la jeunesse versaillaise… A propos de Versailles, savez-vous que c’est la ville du monde qui affiche le plus de disques d’or par habitant ? Entre Daft Punk, Air et Phoenix, l’addition est vertigineuse ! A quand un festival ici, un événement électro un peu pointu, dans cet extraordinaire berceau musical ? J’en rêve… » lâche-t-il dans un sourire.
Eclectiques influences
Derrière un morceau de Saint Michel, il y a d’abord une idée de Philippe, des notes sur un synthé, un beat sur la boite à rythme. L’alchimie se fait ensuite lorsqu’Emile entre dans la danse et que les deux complices fusionnent leurs sensibilités pour co-arranger les titres. Côté influences, la palette est à eux deux extrêmement large, attestant de tous les possibles ! Emile a fait découvrir à Philippe d’incroyables guitaristes de jazz comme Kurt Rosenwinkel et Pat Martino. Philippe, lui, confesse un goût prononcé pour les années 70, d’Hendricks à Led Zeppelin en passant par The Doors et Pink Floyd, mais avoue aussi avoir dansé le rock à la versaillaise au son d’Eurythmics avant de succomber corps et biens, dans les années 90, aux sirènes envoûtantes de Radiohead.
Saint Michel : un nom, un style, un son
« Au moment de choisir le nom du groupe, j’étais à un moment de ma vie où je ressentais le besoin de rendre hommage à ma culture versaillaise, je voulais trouver un truc qui sonne ‘’vieille France’’ tout en étant porteur d’autre chose, sans rien imposer à Emile qui n’a pas le même héritage religieux que moi. Saint Michel s’est imposé à nous, comme une évidence : la symbolique, l’histoire du type qui terrasse le dragon, on s’est soudain senti d’attaque pour conquérir le monde avec ce nom ! » raconte Philippe. Quant à leur son, difficile de le cataloguer : ce n’est ni de la pop ni de l’électro, plutôt, de leur aveu même, une sorte d’hybride entre la musique acoustique et électronique, avec parfois une guitare sèche, souvent des synthés, toujours des lignes de basse groovy et surtout une façon très pop de traiter les refrains, ‘’à la Beatles’’. Et la voix de Philippe, aérienne, qui se love sur les arrangements pour délivrer ses textes, tous écrits en anglais. « J’aime la musicalité de cette langue qui est un instrument en soi, parmi les autres, alors qu’un texte en français tire souvent la couverture à lui et fait se concentrer l’attention sur le chanteur, ce que je ne souhaite pas ».
2013, l’année de toutes les promesses
Si 2012 fut l’année de l’EP mais aussi de deux tournées dans le prestigieux sillage de Revolver et Sébastien Tellier, 2013 sera celle ô combien spéciale du premier album. Avec notamment, sur un titre, la contribution exceptionnelle de John Helliwell, le saxophoniste de Supertramp, groupe mythique dont le duo se revendique également. Intitulé ‘’Making love and climbing’’, l’album comportera une douzaine de morceaux et sortira en septembre. D'ici là, Saint Michel aura l’honneur de le présenter sur scène à Paris, dans la cour des grands, au Nouveau Casino le 13 juin. En préambule, on a déjà pu entendre le groupe en live sur Le Mouv’ dès février dernier, ainsi que dans plusieurs petites salles comme la Salamandre, à Chaville. Et le premier single extrait de l'album, "Ceci n'est pas une chanson'', est disponible depuis le 6 mai. Alors, ne les perdez pas de vue : nul doute, ils vont monter très haut !
http://www.saintmichelmusic.com/
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Photos Live à la Salamandre © Jacques Liénard pour Versailles in my pocket