Scaramouche : Versailles en technicolor
Attention, diffusion du film dimanche 19/02 à 20h40 sur Ciné+ Classic
♦ Parmi les films de cape et d’épée, il en est un qui surpasse tous les autres et qui, 60 ans après sa sortie, continue à distiller sa magie et son panache : Scaramouche, de George Sidney, sorti en 1952, est une madeleine fondante, un joyau, un cocktail euphorisant, capable de ravir petits et grands, y compris les ados les plus blasés. Librement adapté d'un roman de Rafael Sabatini situé en France à la veille de la Révolution, le scénario du film mélange habilement la grande et la petite histoire sans jamais sombrer dans le manichéisme. Une valse étourdissante où noblesse et tiers-état ferraillent avec talent, qui s’achève avec le duel à l’épée le plus spectaculaire et le plus long de l’histoire du cinéma (sept minutes). Alors bien sûr, les puristes vont se demander pourquoi il est question de ce film dans ces modestes colonnes… ce à quoi l’on peut objecter que Scaramouche, même tourné dans des studios hollywoodiens, se passe en grande partie à Versailles, et que la splendeur de la reconstitution, des décors aux costumes en passant par les couleurs, a sûrement contribué à renforcer le mythe de la cité royale dans l’esprit de millions de spectateurs, à commencer par les Américains.
♦ En deux mots, et sans trop déflorer le sujet, l’intrigue est simple. Nous sommes en 1789 : Marie-Antoinette charge le champion du camp royaliste, le marquis Noël de Maynes (Mel Ferrer, l’arrogance et la classe personnifiées), de mettre fin aux agissements d’un écrivain révolutionnaire auteur de libelles assassins tout en lui demandant, en parallèle, de veiller sur la jeune Aline de Gravrillac (Janet Leigh, délicieuse orpheline). Redoutable bretteur, le marquis ne tarde pas à débusquer l’écrivain et le tue dans un duel inégal. André Moreau (Stewart Granger, le charisme à l’état pur), meilleur ami de la victime, jure de venger cette dernière mais, recherché par la police, il décide de se cacher, sous l’identité du personnage de commedia dell’arte Scaramouche, au sein de la troupe de saltimbanques où officie sa maîtresse Lenore (Eleanor Parker, flamboyante séductrice). En dire plus serait dommage, tant les pistes à suivre sont nombreuses, qui finiront pas se rejoindre dans les dernières minutes comme dans les meilleurs scénarios. Pour une fois, les femmes, loin d’être uniquement des faire-valoir, jouent un rôle crucial et réservent au spectateur bien des surprises. Au sommet de son art, George Sidney signe là, après Les trois mousquetaires, un film enthousiasmant, fougueux comme un pur-sang et romantique comme une balade en calèche. Cent quinze minutes de rebondissements, de répliques savoureuses, de relations complexes entre les personnages, tout particulièrement entre Lénore et André qui nous offrent des scènes de ménage parmi les plus réjouissantes qui soient. Et tout cela à Versailles (ou presque). Du pur bonheur.
Entre nous – Oserai-je le dire ? J’ai dû voir Scaramouche au moins vingt fois…et mon émerveillement est intact tant ce film conjugue à la perfection aventure et romantisme, histoire et humour, esthétique et technicolor. Une pépite à voir et à revoir.
Scaramouche, (1952), de George Sidney
Avec Stewart Granger, Janet Leigh, Eleanor Parker et Mel Ferrer
Diffusion dimanche 19 février à 20h40 sur Ciné+ Classic