Sabine Céramiques : un peu de rêve dans le quotidien
A l’occasion des Journées Européennes des Métiers d’Art, de nombreux ateliers sont ouvert ce week-end près de chez vous. C’est l’occasion ou jamais de découvrir le travail de la céramiste Sabine Besnard, que certains d’entre vous ont sûrement déjà croisée à Esprit Jardin…ou ailleurs. Rencontre.
Ce week-end, si vous passez par Viroflay, faites une halte dans l’atelier de Sabine Besnard, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et de la rencontre. Objets du quotidien, pièces uniques ou petites séries, la céramiste crée des formes simples, épurées, faciles à vivre, associant des couleurs d’émaux variées. « J’utilise différents grès, roux, blancs, ou noirs, parfois chamottés. Au-delà des arts de la table (assiettes, plats, tasses), je propose aussi des pots à bonsaï, des pots pour les plantes d’accompagnement (shitakusa, kusamono) et des vases » explique-t-elle. Autant de pièces réalisées au tour, à l’estampage et à la plaque, dans l’atelier qu’elle s’est aménagé au fond de son jardin.
Sabine et la céramique, une longue histoire d’amour
La passion de Sabine pour la céramique ne date pas d’hier. Depuis la prime enfance attirée par la couleur et les matières, à l’âge où certains choisissent un instrument, la petite fille préfère apprendre à tourner. « J’ai commencé à apprivoiser la terre avec la technique du colombin, de la plaque… A dix-sept ans, avec mon argent de poche, au lieu de m’offrir des chaussures ou des disques, je me suis acheté un tour à pied. Mon père m’a installé un four dans notre jardin, à la campagne, où j’ai fait mes premières cuissons au bois, des poteries flammées que je vendais sur le marché de la création à Lyon » se souvient-elle. Après des études aux Arts-Décoratifs, à Strasbourg, la jeune femme s’inscrit à la Maison des Artistes et travaille pendant quatre ans comme dessinatrice textile, en freelance. Puis c’est le départ pour les Etats-Unis, la naissance de ses quatre enfants et la vie quotidienne qui prend la main… « Je n’étais alors plus disponible pour un travail de création à plein temps. A mon retour en France, j’ai contacté le service culturel de ma commune, Viroflay, pour organiser des ateliers avec les écoles. Parallèlement, je poursuivais ma démarche de création : collages, papiers marbrés, objets en cartonnage et encadrements ». Mais il y a quelques années, Sabine revient à ses premières amours et décide de s’inscrire à la Cour Roland à Jouy-en-Josas, dans l’atelier de céramique encadré par Guy Elliche, sculpteur modeleur, et Christian Boaretto, tourneur à la manufacture de Sèvres. « J’ai vite réalisé que trois heures par semaine ne suffisaient pas pour mener à bien tous les projets que j’avais en tête et, en 2012, j’ai créé mon propre atelier pour me consacrer au travail du grès et de la porcelaine. Tour, estampage, moulage, je me suis lancée et j’ai commencé à créer mes propres émaux. En 2013, lors d’un stage près de Toulouse, j'ai rencontré Rizu Takahashi, céramiste japonais, avec qui j'ai découvert la cuisson au bois au four anagama. Un artisan formidable, très généreux, qui m’a donné un autre regard sur mon travail et m’a poussée vers de nouveaux gestes, de nouvelles formes » indique Sabine.
Accepter « le cadeau du feu »
Aujourd’hui, Sabine est une céramiste heureuse, que l’on peut croiser sur de nombreux salons et marchés de créateurs, mais également sur des événements consacrés à l’art du bonsaï. « J’ai fait mien l’état d’esprit « Wabi Sabi », c'est-à-dire que je sais aujourd’hui accepter « le cadeau du feu », les surprises de la cuisson, ces petites imperfections que l’on n’a pas désirées mais qui finalement apportent une singularité et rendent l’objet exceptionnel. La nature, magnifique source d’inspiration évoluant avec les saisons, guide aussi mon travail. J’aime ce contact avec la terre, le jeu des formes et celui des couleurs avec les émaux. J’aime partager le fruit de mon travail avec les autres, savoir qu’ils utilisent un bol, une assiette, un vase, me dire que j’apporte un peu de rêve dans le quotidien ». Alors, poussez donc la porte de son atelier : il est ouvert les 1er, 2 et 3 avril de 11h à 19h au 5, rue du Colonel Fabien à Viroflay.
Photos © Sabine Besnard