‘’La Cour des Senteurs’' : Versailles aux parfums
Versailles et le parfum, c’est une longue histoire ! A l’heure où le projet baptisé ‘’La Cour des Senteurs’’ entre dans sa phase finale, avec une ouverture prévue au printemps 2013, petit retour en arrière sur la relation passionnelle qui unit la ville et le parfum. Aujourd’hui siège de l’Institut Supérieur International du Parfum (ISIPCA), Versailles fut en effet dès le XVIIème siècle le berceau du métier de parfumeur tel qu’on le conçoit aujourd’hui. Afin de fournir aux souverains et à la cour les produits les plus sophistiqués, les artisans ont longtemps rivalisé de génie pour créer fragrances, mais aussi sachets, gants et éventails parfumés qui constituaient des éléments obligés de la parure du courtisan.
Au-delà de l’apparence, le parfum revêtait autrefois bien d’autres fonctions. Tout d’abord, inutile de faire un dessin, mais la cour de Versailles ne sentait pas la rose. En l’absence de lieux d’aisance, les gens se soulageaient n’importe où, d’où une puanteur épouvantable que nos délicates narines ont du mal à imaginer. Ensuite, la toilette de l’époque proscrivait l’usage de l’eau, considérée comme nocive depuis les épidémies de peste du XIVème siècle, et faisait la part belle aux lotions et produits odorants. Ces derniers se voyaient aussi chargés de pouvoirs thérapeutiques, à l’image des parfums de bouche à l’ambre ou au gingembre qu’utilisait le Roi Soleil. Esprit de vin pour se laver les mains, mouchoirs dits ‘’de Vénus’’ (imbibés d’eau aromatisée) pour se nettoyer le visage, pâtes d’iris pour adoucir la peau, la gamme des cosmétiques utilisés était incroyablement riche et chacun d’entre eux se voyait attribuer un usage précis. Autant de paramètres qui expliquent la place prépondérante prise par les compositions parfumées aux XVIIème et XVIIIème siècles. On ne s’étonnera plus alors que Louis XIV ait été surnommé ‘’le roi le plus fleurant du monde’’, ni que la cour de France sous Louis XV ait été rebaptisée ‘’cour parfumée’’ par ses voisines européennes. Afin de soutenir le développement de ce nouvel artisanat, Colbert fit d’ailleurs octroyer au Corps des Gantiers-Parfumeurs des lettres patentes du roi, qui leur donnèrent le droit de constituer une corporation.
La future ‘’Cour des Senteurs’’ a donc toute légitimité à se loger au cœur du centre historique de Versailles. Dédié à la culture du parfum, cet espace associant patrimoine et création olfactive constituera en outre une nouvelle porte d’entrée bienvenue vers le trop confidentiel quartier Saint-Louis. Lieu de promenade et de shopping, il proposera à ses visiteurs une Maison des Parfums permettant de découvrir des essences rares, mais aussi une Place des Senteurs autour de laquelle s’installeront des enseignes de prestige, un restaurant gastronomique et un jardin de fleurs imaginé par l’architecte Nicolas Gilsoul. Situé à 100 mètres de l’entrée principale du Château de Versailles, au 8 rue de la Chancellerie, cet emplacement unique permettra aux milliers de visiteurs quotidiens d'un des sites les plus connus dans le monde de vivre une expérience olfactive unique.
Séduites par ce projet original, plusieurs marques prestigieuses ont souhaité associer leur identité et leur savoir-faire à La Cour des Senteurs. Le traiteur Lenôtre y développera un nouveau concept fondé sur la complémentarité saveurs/parfums, à la fois boutique, restaurant et école de cuisine. A ses côtés, Guerlain, signature prestigieuse et intemporelle de la parfumerie française, ouvrira un espace boutique et des ateliers olfactifs. Clin d’œil aux artisans d’antan, la Maison Fabre, gantier de luxe presque centenaire, proposera aux côtés des gammes qui font aujourd’hui sa renommée des créations inspirées de la tradition du XVIIIe siècle des gantiers parfumeurs. Enfin, le parfumeur parisien Diptyque, célèbre pour ses bougies aux senteurs authentiques et originales, fera découvrir aux visiteurs sa vaste palette olfactive de senteurs pour la maison.
Entre nous – Sur ce sujet, lire aussi l'article sur l'ouverture de la Cour des Senteurs, en avril 2013.
Pour en savoir plus sur ce passionnant sujet, je vous indique mes sources :
♦ Annick Le Guérer, Les parfums à Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles. Approche épistémologique - http://cour-de-france.fr/squelettes/art/LeGuererParfum.pdf
♦ Le blog Routes du Parfum http://routesduparfum.blogspot.fr/2012/03/versailles-cours-parfumees-des-rois-de.html
♦ Le site de la Mairie de Versailles
http://www.versailles.fr/outils/versailles-tv/video/cour-des-senteurs/
http://www.versailles.fr/urbanisme-et-grands-projets/grands-projets/cour-des-senteurs/